mardi 6 février 2007

Clockwork Détournement

Véridique : L'horoscope de ELLE du 6 février 2007

Côté coeur, vous vivrez de grandes émotions. Des moments d'espoir alterneront avec des instants d'angoisse. Mais "l'espérance et la crainte contribuent à augmenter les désirs. C'est du combat de ces deux sentiments que naissent les passions les plus vives" (E. Bonnot).
Mercure en cet aspect communiquera à tous ceux qui manient l'argent - banquiers, financiers ou agents de change - une habileté particulière. Ce sera le moment ou jamais d'en consulter un afin de réaliser un placement ou une spéculation dans les conditions les plus avantageuses possible.
N'abusez pas de médicaments, surtout si vous sentez la déprime vous menacer. En effet, divers antihypertenseurs, traitements hormonaux de la ménopause ou corticoïdes peuvent favoriser l'apparition de dépressions. Des troubles de l'humeur ou du sommeil peuvent aussi être liés à la prise d'anti-inflammatoires, d'antiasthmatiques, d'antispasmodiques, et de somnifères ou de tranquillisants.
La planète Saturne formera des aspects négatifs assez irritants, pervers, démoralisants. Elle ne favorisera pas la réalisation de vos projets, et vos ambitions professionnelles risquent d'être dans une impasse. Si vous n'y prenez garde, vous courrez un réel risque de sombrer dans l'alcoolisme ou la débauche, ou du moins dans l'apathie et un attentisme stérile. Vous devrez réagir énergiquement contre le découragement, en vous persuadant que "l'heure la plus sombre précède l'aurore" (Th. Fuller).
Si des décisions rapides et des mesures énergiques s'imposent pour régler un problème d'ordre familial, vous n'hésiterez pas à les prendre, quitte à vous rendre impopulaire auprès de vos proches. C'est que vous voudrez être rationnel et efficace jusqu'au bout des ongles.
Ne vous laissez pas intimider ou influencer. Maintenez vos revendications si elles sont justifiées au cours de discussions mettant en jeu vos intérêts. Mais rien ne vous interdit de vous y prendre avec diplomatie.


Complètement fictif : ELLE avait raison

Il était midi. Il prit la solide résolution de sortir de chez lui, même s’il pleuvait - cela lui donnerait l’occasion d’inaugurer son nouveau parapluie.
C’était à peu près la seule pensée claire qui parvenait à émerger de son esprit embrumé de somnifères et de tranquillisants qu’il avait avalé six heures auparavant : de quoi assommer un cheval de Troie. Sans compter que le matin même, dès son réveil, il avait sagement englouti son arsenal médical quotidien : antispasmodiques, antiasthmatiques, anti-inflammatoires et anti-hypertenseurs. Le traitement de la ménopause de sa femme, oublié par mégarde au beau milieu de ses remèdes personnels, avait subi le même sort.
Il avait très mal dormi et se sentait de bien mauvaise humeur. Aussi avait-il décidé de prendre ses somnifères et ses tranquillisants le matin, pour être certain de dormir le soir.
Mais la décision avait eu pour seul effet de le contraindre à s’établir pour la matinée dans les lieux d’aisance. Lorsqu’il fut midi, il parvint à entrebâiller la porte et à murmurer un vague bourdonnement qui avait pour but d’informer sa femme qu’il avait l’intention de sortir et qu’elle ne se donne pas la peine de l’attendre pour dîner. L’intéressée se contenta d’évoquer la singularité de sa présence à la maison à ce moment de la journée. « Je vais à la banque. », affirma-t-il avec un peu plus d’assurance lorsqu’il fut venu à bout du couloir qui menait à l’entrée. Il posa sa main sur la poignée, ce qui lui permit de réintégrer son habituelle position verticale, et sortit.
Le mensonge était sans aucune hésitation le péché capital qui lui inspirait le plus d’horreur, surtout depuis qu’il était passé sous un TGV et avait tenté de se relever en affirmant que tout allait bien. Aussi décida-t-il d’aller réellement rendre visite à son banquier afin de réaliser un placement ou une spéculation. Les choses tourneraient sûrement à son avantage, se disait-il, et son intégrité serait très certainement récompensée.
Un placement pour faire marcher son entreprise de pompes funèbres, se répétait-il en se frottant les mains. Par malchance, le banquier était un joueur de casino assidu - et il venait tout récemment de passer professionnel. Il maniait les billets de banque comme il maniait un jeu de poker et pouvait manipuler une paire de dés mieux que personne, mais la manipulation qu’il maîtrisait le mieux, était celle de l’homo sapiens.
Notre homme rentra chez lui trempé et sans un sou en poche. Ce sacripant avait même réussi à subtiliser son parapluie. Il trouva sa chère et tendre dans le salon, devant une retransmission de Ma Sorcière Bien Aimée. Il inspira fortement (à la fois pour signaler sa présence et parce qu’il avait monté les escaliers) « J’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer… Je crains que mon entreprise de pompes funèbres n’ait coulé… »
« Pas tant que toi sur le tapis. A propos, ta mère a téléphoné. Je dois te transmettre qu’elle a retrouvé ton frère jumeau qu’elle avait toujours cru mort-né, et que la moitié de ton héritage lui revient de droit, qu’elle est désolée, et qu’elle espère que ta jambe va mieux. »
Il ne réagit pas sur le moment, trop préoccupé par la ruine de ses pompes funèbres… Puis, sans mot dire, il se déhancha jusqu’à la cuisine, empoigna sévèrement tout ce qu’il pouvait empoigner dans le placard à vin, puis il retourna s’isoler dans ses chers lieux d’aisance, où il engloutit tout ce qu’il avait empoigné précédemment.
Il bascula lentement dans l’alcoolisme ou la débauche, dans l’apathie et un attentisme stérile. Lorsqu’il en eut assez d’être étendu au fond de la baignoire, il décida rapidement et énergiquement qu’il fallait régler de toute urgence, et par n’importe quel moyen que ce soit, ce problème d’héritage. Quitte à se rendre impopulaire auprès de ses proches. Mais de quelle façon ? La solution la plus simple lui apparut presque immédiatement, comme de juste : il fallait éliminer cet intrus revenu d’on ne sait où. Ses finances étaient au plus bas depuis cet après-midi et son héritage constituait la seule compensation qu’il avait pu envisager jusqu’à présent (et cela faisait près de huit heures qu’il y réfléchissait).
Mais rien ne lui interdisait d’agir avec diplomatie. Aussi écrivit-il une longue lettre à son présumé frère de sang, lui détaillant les raisons qui prohibaient immanquablement sa survie. Il glissa le document sous la porte de sa victime, et attendit les dix-sept minutes nécessaires à sa lecture (il avait effectué des tests), armé d’un pot de géranium (il avait toujours entendu dire que c’était la seule manière d’assassiner qui permettait de plaider l’homicide involontaire). Le présumé frère jumeau ne lui ressemblait guère, et semblait même plus jeune que lui, mais il voulait être rationnel et efficace jusqu’au bout des ongles, aussi ne se posa-t-il pas de questions. Il ne voulait pas se laisser intimider ou influencer. Il maintiendrait ses revendications coûte que coûte car elles étaient justifiées et préservaient ses propres intérêts.
De retour à sa demeure (il s’était définitivement installé dans les lieux d’aisance), il resta un moment devant le miroir du lavabo, le regard gélatineux, se murmurant que « l'heure la plus sombre précède l'aurore », et aussi parfois que « l'espérance et la crainte contribuent à augmenter les désirs. C'est du combat de ces deux sentiments que naissent les passions les plus vives ». Il se sentit mieux, car il croyait citer le chanteur de « U2 » (un groupe de rock irlandais), et que l’Irlande lui rappelait le premier trèfle à quatre feuilles qu’il avait connu.


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